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COMmunauté Écologie et TErritoires - Numéro 2 - Mai
Crédit photo : Christophe Cazeau / TERRA
Les Solutions fondées sur la Nature (SfN) apportent des réponses concrètes pour l’adaptation des territoires au changement climatique. Les SfN sont des actions de préservation, de restauration et de gestion des écosystèmes qui permettent de répondre à des défis sociétaux tels que l’atténuation et l’adaptation au changement climatique, mais aussi la santé humaine, la sécurité alimentaire, l’approvisionnement en eau et la gestion des risques naturels. Quelques exemples concrets de SfN pour l’adaptation au changement climatique (SafN ) sont la désimperméabilisation et la végétalisation des villes pour lutter contre les îlots de chaleur urbains et les inondations par ruissellement, la préservation et la restauration de cours d’eau et de zones humides pour lutter contre les inondations et les sécheresses, les pratiques et les infrastructures agro-écologiques pour l’adaptation et la résilience des exploitations agricoles, la préservation et la restauration des cordons dunaires, mangroves, coraux, herbiers marins pour lutter contre l’érosion côtière et le risque de submersion, etc. Toutes ces actions doivent avoir des effets positifs nets sur la biodiversité pour être considérées comme des SfN.
Les collectivités peuvent alors s’appuyer sur la biodiversité pour adapter leur territoire au changement climatique en mettant en œuvre des Solution fondées sur la Nature.
Natalia Rodriguez Ramirez
OFB - Life Intégré ARTISAN
Le projet Life Intégré ARTISAN, mis en œuvre par 28 bénéficiaires associés et coordonné par l’Office Français de la Biodiversité (OFB) a pour objectif de favoriser le déploiement des Solutions d’adaptation fondées sur la Nature (SfN) pour l’adaptation au changement climatique dans toute la France. Pour cela, il anime un programme démonstrateur avec dix sites pilotes en métropole et en Outre-mer, qui proposent différentes SfN pour l’adaptation de différents milieux (littoral, forestier, humide, agricole, urbain) face à des effets distincts du changement climatique. Outre les actions de formation, mobilisation, publication de ressources ou création d’outils du Life ARTISAN, deux éditions des Trophées de l’adaptation au changement climatique ARTISAN ont été organisées (2022 et 2024). Ces trophées récompensent les actions exemplaires et concrètes d’adaptation au changement climatique qui s’appuient sur des SfN, c’est-à-dire sur des projets de préservation, restauration ou gestion durable des écosystèmes. Lors de la première édition, six lauréats ont été récompensés dont trois collectivités. Les lauréats de la deuxième édition des Trophées seront annoncés en juin, pendant le Forum Alliance Nature & Adaptation co-organisé par ARTISAN et l’Agence de l’ eau Adour-Garonne.
Par ailleurs, le succès du Life ARTISAN, s’appuie sur une animation au plus près des acteurs, qui prenne en compte les enjeux biodiversité et climat particuliers à chaque région. Cette animation est menée par les animateurs régionaux SafN (SfN pour l’adaptation) ARTISAN.
Quel est le rôle d’un animateur SafN à l’échelle régionale ?
L’animateur régional ARTISAN crée des liens entre les acteurs régionaux du climat et de la biodiversité, entre les porteurs de projet et les structures institutionnelles, pour favoriser le déploiement des SafN. Pour cela, il relaie les informations (ressources techniques, contacts, financements,) co-organise des évènements, présente et anime les échanges autour des enjeux d’adaptation et des solutions sur des territoires très différents, contribue à intégrer les SafN dans les financements (FEDER), les documents de planification (SRB, PCAET), les formations.
Quels outils mettent-ils en place, avec qui travaillent-ils ?
Les animateurs travaillent quotidiennement avec les partenaires régionaux : Agences de l’eau, ADEME, CEREMA, Conseils régionaux, Grec, Parc Naturels Régionaux, Chambre d’agriculture, DREAL, entre autres. Ils travaillent également avec les porteurs de projets locaux : collectivités (surtout les intercommunalités), syndicat de bassin versant, Conservatoire du Littoral, Office National des Forêts. Les animateurs réalisent des outils d’animation plus ou moins techniques pour les élus et les experts, ainsi que des formations à ces outils. Ils réalisent des Flashs Infos, organisent des Trophées régionaux (Normandie), des visites de terrain, des boîtes à outils (« Végétalisons ! », en Centre-Val de Loire), des cartographies d’acteurs, des fiches de retours d’expérience.
Quels besoins sont identifiés sur les territoires et comment les animateurs y répondent-ils ?
Il y a un premier besoin de sensibilisation (pourquoi faire confiance à la nature pour s’adapter au changement climatique ?), puis un besoin d’accompagnement (par exemple, comment restaurer les écosystèmes ?). Les animateurs y répondent en échangeant directement avec les élus et les techniciens, et en les guidant vers les premières ressources et les experts. Ils accompagnement les sites démonstrateurs en les mettant en relation avec des partenaires clés à plusieurs étapes du projet : financeurs, scientifiques pour le suivi-évaluation, experts de l’OFB, inspecteurs de l’environnement pour retracer le contexte règlementaire du site.
Un exemple d’outil à destination des collectivités
L’OFB pilote, dans le cadre du projet Life ARTISAN, la production de deux outils complémentaires pour favoriser la mise en œuvre des SafN. Le premier est un kit d’argumentaires à destination des élus, construit en fonction de leurs préoccupations pour leurs territoires. Il présentera plusieurs types de SafN répondant, par exemple, aux enjeux d’accompagnement de la transition agricole, de ville plus vivable, de prévention des enjeux liés à l’eau ou encore de protection de littoral. Le pendant de cet outil est une mallette technique pour accompagner les agents de collectivités dans la mise en œuvre opérationnelle des projets de SafN, de leur cadrage jusqu’à leur suivi. Ces deux outils, qui seront diffusés à partir de juin 2024, ont bénéficié de l’expérience des animateurs régionaux auprès des porteurs de projet.
Deux mesures du Fonds vert financent les projets d’investissements locaux qui concourent à la mise en œuvre de la Stratégie nationale biodiversité : "Réduire les pressions sur la biodiversité de votre territoire" et "Protéger et restaurer les espaces naturels".
Le fonds vert comporte par ailleurs cinq autres mesures "Prévenir les inondations", "Prévenir les risques d’incendie de forêt et de végétation", " Appuyer les collectivités de montage soumises à des risques émergents", "Recycler le foncier (friches)" et "Financer des solutions d’adaptation au changement climatique fondées sur la renaturation des villes et des villages" pour lesquelles les Solutions fondées sur la nature peuvent être des réponses adaptées, alternatives ou complémentaires au génie civil, pour répondre à l’objectif recherché. Ces mesures sont accessibles aux porteurs de projet sur Fonds vert - Édition 2024.
Le démarrage du plan Eau vient par ailleurs renforcer les capacités d’intervention des Agences de l’eau. Les moyens qu’elles consacrent au grand cycle de l’eau pour apporter des réponses globales aux enjeux de la quantité et de la qualité de l’eau réservent naturellement une place de choix aux solutions fondées sur la nature.
En quoi la Banque des Territoires peut intervenir sur les solutions fondées sur la nature (SfN) ?
La Banque des Territoires accompagne les élus locaux et les collectivités territoriales afin d’accélérer la mise en place d’une gestion durable et résiliente de tous les territoires. Dans ce contexte, elle intervient auprès des collectivités sur les SfN.
Par exemple, la Banque des Territoires vient en appui du Syndicat mixte de la Reppe pour la restauration des fonctionnalités des bassins versants de la Reppe et du Grand Vallat dans le Var. Le projet consiste en un reméandrage de la Reppe afin de diversifier les écoulements. Pour ce faire la Banque des Territoires a octroyé au syndicat, en juillet 2023 et pour une durée d’amortissement de 30 ans, un aquaprêt d’1M€ pour la plantation d’une ripisylve, la mise en place d’une passe à poissons, ainsi que des travaux de rééquilibrage sédimentaire.
Quels outils concrets pour les collectivités ?
Afin de stimuler le nécessaire recourt aux SfN pour prévenir et faire face aux effets du changement climatique, la Banque des Territoires, sur la période 2024-2028 :
Les collectivités peuvent également retrouver des éléments de ressources sur les SfN pour la gestion de l’eau sur la plateforme aquagir.fr développée par la Banque des Territoires en partenariat avec l’ANEB, le BRGM, le CFE, les pôles de compétitivité sur l’eau et l’UIE.
Au niveau local et national, les acteurs publics et privés de l’ingénierie et du génie écologique réalisent les recherches, les études et travaux nécessaires au développement des solutions fondées sur la nature. Le centre de ressource du génie écologique, l’association fédérative des acteurs de l’Ingénierie et du Génie Écologique A-IGECOet l’Union Professionnelle du Génie Écologique (UPGE) capitalisent, structurent et mettent à disposition des outils, méthodes et compétences pour toutes personnes intéressées de près ou de loin par la thématique.
Témoignage de Vincent Vignon, Président du groupement régional Ile-de-France de l’Union Professionnelle du Génie Écologique
Les entreprises du génie écologique développent une ingénierie écologique pour préserver et restaurer les écosystèmes dégradés et leurs services écosystémiques, améliorer la gestion des milieux naturels avec une approche intégratrice des usages à long terme. Elles s’insèrent dans le tissu économique réparti sur tout le territoire. L’entreprenariat local et agile favorise l’adaptation des projets aux spécificités des territoires et accroit la réactivité des interventions face aux besoins de restauration des écosystèmes qui s’expriment.
La qualité des projets est nécessairement hétérogène face à la diversité des situations, du réseau d’acteurs, des moyens alloués aux projets (conception ou travaux). Les actions d’ingénierie et la réalisation des travaux de génie écologique s’améliorent depuis plus de 30 ans grâce aux avancées des recherches en écologie de la restauration, aux retours d’expériences, à l’émulation qui œuvre dans la profession. Sur ce dernier point, nous pouvons souligner le rôle de l’UPGE avec la constitution d’un ensemble de groupes de travail complémentaires, thématiques ou régionaux, qui montent en puissance depuis une quinzaine d’années. Cette dynamique participe à l’amélioration continue des interventions des entreprises du génie écologique.
Un projet concret de solution fondée sur la nature pour concilier prévention des inondations et biodiversité : témoignage du lauréat du prix du génie écologique 2022, catégorie services écosystémiques - Par Geoffrey DIDIER - Animateur du programme de restauration hydromorphologique des cours d’eau du bassin versant du Lez - Etablissement Public Territorial de Bassin du Lez
Pouvez-vous nous expliquer pourquoi la commune et l’établissement public territorial de bassin (EPTB) du Lez se sont lancés dans des travaux de génie écologique de grande ampleur pour restaurer une zone humide ? Quels sont leurs intérêts ?
Les prairies alluviales et les ripisylves de la Mosson, entre Lavérune et Saint-Jean-de-Védas, correspondent à un complexe naturel humide de 56,7 ha situé sur le bassin versant du Lez. La politique volontariste d’acquisition foncière des collectivités permet aujourd’hui la maîtrise foncière de 24 ha de ces espaces. Cette zone humide est considérée dans le cadre du schéma d’aménagement et de gestion des eaux Lez-Mosson-Étangs palavasiens parmi les zones humides prioritaires et les zones d’expansion de crues à reconquérir en bordure de la rivière Mosson. En effet, ces milieux sont d’importance majeure en raison de leurs rôles « écrêteur de crues », de leurs fonctions épuratoires et de leurs richesses faunistiques et floristiques. En 2019, le plan de gestion de la zone humide porté par la commune de Lavérune et l’établissement public territorial de bassin (EPTB) du Lez a été validé par les acteurs pour poursuivre la préservation et la restauration de ces espaces naturels. En 2021, l’EPTB Lez (en délégation de maitrise d’ouvrage de la Métropole de Montpellier), après un an d’étude technique et réglementaire, a réalisé la restauration complète dans le cadre d’un chantier « bas carbone » du secteur le plus dégradé par des remblais et des endiguements de la zone humide. Cette solution fondée sur la nature est aujourd’hui parfaitement intégrée à son environnement et permet à la zone de retrouver un site restauré intégrant l’ensemble des enjeux et des contraintes locales. À l’aire de la Gemapi (loi NOTRe) sur le bassin versant du Lez, cette opération est citée comme référence en termes de travaux de génie écologique intégrés alliant gestion des milieux et inondations.
Ce site, de par sa conception, est laissé aujourd’hui en libre évolution. Crue après crue, la rivière Mosson retrouve peu à peu son fonctionnement et son équilibre. Saison après saison, la nature retrouve sa place et s’exprime maintenant librement.
Les usagers et les acteurs locaux ont-ils facilement accepté ce projet ?
Cette opération s’inscrit dans une démarche participative avec les acteurs et la population. Leur consultation et participation en amont et pendant la réalisation du projet a été une clé de réussite. La communication autour de cette opération a permis également de suivre étape par étape son avancée du début à la fin (réalisation de vidéos reportages diffusées sur YouTube). La co-construction du projet entre les acteurs, les usagers et la population locale est donc une réussite sociale sur le bassin.
À travers cette réalisation collective et concertée, l’EPTB Lez a démontré qu’il était possible de construire un projet concerté avec l’ensemble des partenaires et des acteurs dans un délai raisonnable et avec un budget maîtrisé.
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